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Antigone selon Carlos Díaz : une mise en scène provocatrice et magnifique

Recourant au mythe et à la tragédie d’Antigone, la pièce aborde en profondeur des questions aussi brûlantes que le rapport des plus jeunes générations de Cubains avec l’histoire et le passé de leur pays, avec des héros caricaturés et manipulés par des opportunistes et simulateurs qui les transforment finalement en statues. D’une structure complexe qui repose sur le monologue, la remarquable mise en scène exige le maximum des comédiens et du danseur invité Abel Berenguer de la compagnie Danza Abierta.
Faisant étalage de sa vision désacralisante habituelle et de sa volonté de transgression et subversion (la comédienne Linnet Hernández incarne une Mariana Grajales émouvante, nue, aux cheveux rasés, qui crie ses vérités, Teatro El Público nous montre ceux qui pourraient représenter les nouveaux héros, les revendicateurs (ou aussi les fossoyeurs) des autres, le Cubain d’aujourd’hui et sa réalité épique quotidienne. Par moments, la tragédie côtoie le théâtre buffo et la picaresque, l’« obscénité de chaque jour » à travers des personnages qui font face à leur destinée, des héros qui ont assumé la leur, dans cette Patrie qui n’appartient à personne et qui est forgée par tous.
Le dénouement, à l’instar de la tragédie classique, est cathartique : Panchito Gómez Toro, le jeune fils du Dominicain Máximo Gómez, averti de la mort au champ d’honneur du général Antonio Maceo, accourt pour mourir près de lui et peut, grâce à sa présence d’esprit, dire ses adieux : « Chers maman et papa, chers frères, je meurs dans mon poste, j’ai décidé de ne pas abandonner le cadavre du général Maceo et je vais tomber à côté de lui. J’ai sur mon corps deux blessures et pour éviter de tomber dans les mains de l’ennemi, je me suicide. Je le fais avec plaisir pour honorer Cuba. » Antigone, une fois de plus, n’abandonne pas ses morts.
Antigone, fille d’Œdipe et de Jocaste, qui voit mourir ses frères de la main l’un de l’autre, défenseurs de camps opposés dans une guerre pour le pouvoir, enfreigne l’ordre de ne pas donner une sépulture à Polynice, accusé d’être traître à sa patrie. Finalement, elle se pend pour échapper au châtiment
Je rêve de cloîtres en marbre (À en croire les rumeurs, tes fils / boivent leur propre sang dans les coupes / Venimeuses de leurs maîtres ! / Qu’ils parlent la langue infecte / De leurs crapules ! Qu’ils mangent / Ensemble le pain de l’opprobre, / À la table couverte de sang ! / Qu’ils dilapident en propos inutiles / Le dernier feu !…)
Le père suisse a tué ses petits fils avant de se suicider (Père sublime, esprit suprême / Qui pour sauver les épaules délicates / De ses petits enfants de la lourde charge / D’une vie sans foi, sans patrie, cruelle / Une vie sans futur et sans espoir, / Sur ses épaules colossales mit / De son crime affreux la charge atroce !)
Octobre 2014 CET ARTICLE FAIT PARTIE DU NUMÉRO DE Aout 2014 DE WHAT’S ON LA HAVANE LE MEILLEUR GUIDE CULTUREL MENSUEL DE VOYAGE À LA HAVANE Téléchargez notre dernier numéro de What’s On La Havane, le guide de voyages, de culture et de loisirs le plus complet sur tout ce qui se passe à La Havane, la mystérieuse et grouillante capitale de Cuba. Nous incluons des articles provenant de tous les coins de Cuba écrits par les meilleurs auteurs internationaux de voyage et de culture spécialisés sur Cuba. Notre revue digitale mensuelle en ligne peut aussi être consultée en anglais et en espagnol.
What’s On Havana What’s On La Habana What’s On La Havane Octuber, 2014
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