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Vingt livres cubains incontournables, publiés au cours des 20 dernières années

Vingt livres cubains incontournables, publiés au  cours des 20 dernières années

Alguien tiene que llorar / 1995 Marilyn Bobes (1955) Primés par Casa de las Américas, les récits qui composent ce volume fouillent avec une subtilité et une profondeur implacables dans la psychologie des protagonistes – des femmes plongées dans les conflits -, les doutes et les frustrations d’une société qui allait connaître bientôt les changements matériels et spirituels traumatisants qui ont marqué la fin du XXe siècle à Cuba. 
El Rey de La Habana / 1999 Pedro Juan Gutiérrez (1950) Premier roman de Gutiérrez, surnommé en Europe « le Bukowski tropical ». L’auteur avait déjà publié Trilogía sucia de La Habana, recueil de trois livres de contes qui partagent personnages et situations communes. L’absence de préjugés et le langage, qui frise l’insolence, ont fait de Gutiérrez un écrivain controversé. Cette œuvre qui, de l’avis de son auteur, est une « étude sur la cruauté humaine », plonge encore une fois dans un monde marginal, caractérisé par la sexualité effrénée et des personnages sans espoirs, sujet qu’il reprendrait dans ses romans ultérieurs : Animal tropical,

El insaciable hombre araña et Carne de perro, tous les trois faisant partie de Ciclo de La Habana. La maison d’édition Ediciones Unión, rattachée à l’Union des écrivains et artistes de Cuba, a publié en 2009, sans publicité, El Rey de La Habana, avidement acheté par les lecteurs de l’île, qui n’avaient eu accès qu’à d’autres titres moins connus de l’auteur, parus à Cuba.
El vuelo del gato / 1999 Abel Prieto (1950) Le devenir, parfois convergent, parfois divergent, de trois amis du baccalauréat, constitue le fil conducteur d’un roman qui fouille, avec un regard ironique mais complice, à travers une galerie de personnages et toute une gamme de situations allant du rire à la tragédie, dans la riche et contradictoire réalité cubaine des années 1960 et 1970.
Inventario secreto de La Habana / 2004 Abilio Estévez (1954) Dans ce roman, l’attachement déchirant de Julián del Casal, poète havanais de la fin du XIXe siècle, à une ville qu’il a aimée malgré ses misères et médiocrités, se combine avec l’utopie libertaire, jamais accomplie, de son contemporain José Martí, havanais lui aussi, mais éloigné de sa terre natale depuis sa première jeunesse. À travers le regard, parfois implacable, parfois nostalgique de l’auteur, La Havane devient le personnage principal. Or, à l’instar d’autres écrivains cubains et étrangers, Estévez montre ses habitants comme s’il s’agissait d’êtres anonymes. Exploration d’une ville, nuancée par des réalités et fictions, mystifiée par la nostalgie et le souvenir, mais toujours évoquée dans la cruauté de ses aspects les plus sombres.
La neblina del ayer  / 2005 Leonardo Padura (1955) Menant sa vie dans un milieu qui frise l’illégalité, devenu bouquiniste en raison de la difficile situation économique cubaine, l’ex détective Mario Conde, protagoniste de quatre romans précédents à succès, est contraint, pour trouver le mobile d’un meurtre dans lequel il est impliqué et pour prouver son innocence, de fréquenter le monde des boîtes de nuit des années 1950 et celui des voyous de La Havane contemporaine. 
Por el camino de la mar o Nosotros los cubanos   / 2005 Guillermo Rodríguez Rivera (1943) Recueil d’essais caractérisés par la désinvolture et l’humour propres du langage parlé, Guillermo Rodríguez Rivera se penche sur des aspects marquants de la formation de l’identité nationale, soit celle imposée par les vicissitudes de l’histoire, soit celle abordée par la poésie ou la musique. Texte solide, agréable et courageux, que doivent lire tous ceux désireux de connaître la nature des Cubains, les éléments décisifs qui ont formé leur idiosyncrasie et les mobiles de certains comportements qui, pour un observateur peu avisé, pourraient sembler inexplicables.
Las voces y los ecos   / 2005 Aida Bahr (1958) Les dogmatismes, les incompréhensions et les exclusions qui ont bouleversé le monde culturel cubain dans les années 1970, période baptisé par les spécialistes de « quinquennat, voire décennie grise » constituent encore une fois les ingrédients de ce roman qui porte sur la formation intellectuelle, émotionnelle et humaine d’une jeune à forte vocation artistique qui, s’exprimant à la première personne, raconte son histoire tout en remettant en question l’efficacité esthétique et stylistique de son récit. Premier roman, très bien accueilli par le public et la critique, d’un auteur réputé pour ses contes.
Todos se van   / 2006 Wendy Guerra (1970) Écrit dans un style qui rappelle le journal intime d’enfance et d’adolescence, le roman, tantôt réaliste, tantôt intensément poétique, raconte l’histoire de Nieve Guerra, la solitude et les craintes de son enfance, son séjour dans un centre d’éducation surveillée et dans l’École nationale d’art, la découverte du sexe et, notamment, son profond sentiment d’abandon car, comme le signale l’auteur : « Je crois que ‘personne ne reste nulle part. […] Certains vont à l’aéroport, d’autres au cimetière, d’aucuns nous laissent aimablement ou simplement claquent la porte et nous oublient. […] Ne pensons pas qu’il s’agit là d’une caractéristique propre des Cubains et ce n’est pas non plus le sentiment d’une ‘génération’ ».
En el cielo con diamantes / 2007 Senel Paz (1950) Éloigné pendant 17 ans des maisons d’édition, Paz publie ce roman qui, de l’avis de l’écrivain à succès Leonardo Padura, est « un roman d’initiation sexuelle, non seulement d’un ou de plusieurs personnages, mais aussi d’une génération. […] C’est aussi un roman d’initiation idéologique d’un groupe humain. […] Aussi, le plaisir associé à la découverte du sexe, de l’égalité de possibilités, de la capitale éblouissante, va-t-il de pair avec les origines sordides de l’idéologie et de la morale à deux vitesses, avec les commentaires à mi?voix, voire avec les silences absolus que les pressions historiques, les dogmes et les extrémismes ont fait surgir à différents moments de la vie du pays et qui ont étouffé la joie de tant d’individus. »
Desde los blancos manicomios / 2008 Margarita Mateo Palmer (1950) Le protagoniste du premier roman de Margarita Mateo, qui avait déjà bouleversé les études critiques à Cuba avec le livre Ella escribía proscrítica, est une femme aliénée. De l’avis du critique Eugenio Marrón : « Le lecteur avide y découvrira les voies d’un monde magique et métis où la poésie, telle une sève intime de la connaissance, côtoie la fable, élément de maîtrise. Dans le contexte de l’Amérique latine et des Caraïbes, les lectures pourraient être multiples et enrichissent l’argument. »
El puente de coral / 2008 Hugo Luis Sánchez Ayant comme toile de fond un village côtier cubain entre 1930 et 1950, ce roman combine l’aventure et l’espionnage et laisse entrevoir une influence marquée du style cinématographique. Les personnages sont énergiques et le langage va du concret à la poésie. L’auteur signale : « Mon roman raconte l’histoire de trois amis, deux jeunes garçons et une jeune fille. Il associe amour, crime, contrebande et vengeance. On y trouve un bordel et une myriade de prostituées. Pour l’écrire, je me suis inspiré de la présence de sous-marins allemands dans les eaux territoriales de Cuba pendant la Seconde Guerre mondiale. » L’auteur s’éloigne de la tendance actuelle des romanciers cubains à documenter le présent.
El hombre que amaba los perros / 2009 Leonardo Padura (1955) L’origine de cette œuvre passionnante pourrait remonter au moment où Leonardo Padura a visité la maison de Léon Trotski à Coyacán (Mexique), en 1989. L’auteur fouille dans la vie et la personnalité du Catalan Ramón Mercader, l’homme choisi par le régime staliniste pour assassiner de sang-froid le révolutionnaire russe en 1940. L’action se déroule en Russie, Turquie, France, Norvège, États-Unis, Mexique et Cuba, où Mercader a vécu en secret de 1974 jusqu’à sa mort en 1978. Le roman, qui montre la maîtrise littéraire habituelle de Padura, est aussi une réflexion aiguë sur la perversion de l’utopie socialiste en Union soviétique.
La soledad del tiempo / 2009 Alberto Guerra Naranjo (1963) Dans le droit fil d’une tendance habituelle de la littérature la plus récente de l’île, celle du récit à forte influence autobiographique et critique sociale, où il est difficile de faire une distinction entre la réalité et la fiction, le premier roman de Guerra Naranjo aborde le manque de scrupules et l’opportunisme découlant des difficultés économiques rencontrées par la société cubaine, notamment dans la « ville lettrée », où les trois écrivains protagonistes s’efforcent d’obtenir la reconnaissance littéraire qui ne sourira qu’à l’un d’eux, indépendamment des voies censurables empruntées pour y parvenir.
En la Habana no son tan elegantes / 2009 Jorge Ángel Pérez (1963) Un immeuble de rapport délabré de la Vieille-Havane et le feu, destructeur et purifiant, telle est le fil conducteur des huit récits où l’auteur, protagoniste de l’un d’eux, montre la tristesse quotidienne des personnages qui cherchent le succès à tout prix et sombrent dans le découragement et le désespoir. Les récits, excellents, à la frontière de ce qu’il est convenu d’appeler écriture néobaroque et réalisme sale, mettent à nue une Havane qui n’est ni carte touristique ni discours triomphaliste.
Sangra por la herida / 2010 Mirta Yáñez (1947) Devenue porte-parole d’une génération qui s’est attachée à consolider la Révolution cubaine au prix de l’enthousiasme, de la renonciation et, très souvent, de l’amertume, Mirta Yáñez se plonge dans la psychologie et l’éthique de ses personnages pour fouiller dans la plaie ouverte par les expériences d’une époque complexe (les années 1960, tant de fois évoquées), analysée depuis la sombre perspective des années 1990, caractérisées par le regard critique, d’ordinaire âpre et désabusé. Dans Sangra por la herida, où l’on passe en revue une époque d’une manière lucide et crue, l’auteur fait étalage de maîtrise de la narration (multiplicité de points de vue et de personnages), sans perdre l’humour et l’ironie.
Sobre los pasos del cronista. El quehacer intelectual de Guillermo Cabrera Infante en Cuba hasta 1965 / 2010 Elizabeth Mirabal y Carlos Velazco Axée sur les premières années de l’activité culturelle de cet écrivain controversé, l’œuvre passe en revue non seulement sa période de formation et de maturité intellectuelle, mais aussi les particularités de l’époque. De l’avis du critique Luis Álvarez : « Sobre los pasos del cronista fait référence, par le truchement d’une polyphonie directe entre ceux qui ont partagé la jeunesse de l’auteur de Tres Tristes Tigres – à une époque caractérisée par un dynamisme saisissant -, au discours multiple oublié de ces années décisives pour la culture cubaine. »
La verdad no se ensaya / 2012 Julio César Guanche (1974) Considéré par plusieurs spécialistes comme le penseur cubain le plus remarquable de sa génération et l’un des rénovateurs de la pensée politique à Cuba, Guanche focalise son attention sur la tradition républicaine, le nationalisme radical et le socialisme cubain. Comme l’a exprimé l’économiste cubain Juan Valdés Paz : « Son interprétation du socialisme en clé républicaine […] incorpore au débat cubain non seulement une proposition novatrice, mais aussi celle qui semble le mieux s’adapter à l’idéologie du nationalisme radical cubain, qui est, par conséquent, plus proche et autochtone du point de vue culturelle. »
Elogio de la altea o las paradojas de la racialidad / 2012 Zuleica Romay Guerra (1958) The essay critically explores the history of racism and racial Cet essai relate, sous une optique critique, l’histoire du racisme et de la discrimination raciale à Cuba. Faisant appel au témoignage, aux références autobiographiques, à la recherche historique et à l’analyse sociologique, l’auteur montre que, bien que les bases juridiques de la discrimination raciale aient été dynamitées par la Révolution, les séquelles économiques et psychologiques sont toujours présentes et peuvent même émerger dans des conditions qui favorisent l’apparition de nouvelles inégalités.
El 71. Anatomía de una crisis / 2013 Jorge Fornet (1963) Tout porte à croire, d’après le titre, que le livre accorde la priorité à l’année 1971. Mais cet essai excellent passe minutieusement en revue un processus fondamental de la politique culturelle cubaine. L’auteur analyse les antécédents, le développement, les protagonistes, les antagonistes et les retombées de ce que l’on connaît sous le nom de « quinquennat gris ». À partir d’une multiplicité étonnante de sources, il examine ses traits caractéristiques, ébauche des leçons pour le présent et laisse ouvert le chemin aux débats ultérieurs.
La noria / 2013 Ahmel Echevarría (1974) Le dénommé quinquennat gris (1971-1976), qui a fait l’objet d’approches diverses au cours des dernières années à partir de positions et points de vue variés, est le cadre temporel de ce roman qui tourne autour d’un écrivain sexagénaire exclu du panorama éditorial cubain, en raison de son orientation homosexuelle. Ses conflits, traumatismes, afflictions et craintes ; sa liaison clandestine avec un agent de la sûreté cubaine et, ce n’est pas là le moins important, le rôle de l’écrivain et de l’écriture, sont magistralement abordés dans le cadre d’une structure qui, quoique complexe, est accessible à tous les publics, et ce grâce à la maîtrise stylistique de l’auteur.

Janvier 2015 CET ARTICLE FAIT PARTIE DU NUMÉRO DE Janvier 2015 DE WHAT’S ON LA HAVANE LE MEILLEUR GUIDE CULTUREL MENSUEL DE VOYAGE À LA HAVANE Téléchargez notre dernier numéro de What’s On La Havane, le guide de voyages, de culture et de loisirs le plus complet sur tout ce qui se passe à La Havane, la mystérieuse et grouillante capitale de Cuba. Nous incluons des articles provenant de tous les coins de Cuba écrits par les meilleurs auteurs internationaux de voyage et de culture spécialisés sur Cuba. Notre revue digitale mensuelle en ligne peut aussi être consultée en anglais et en espagnol.


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